Conseils pour se fondre dans le décor
Fondez pour le cacao
Ce n’est pas un hasard si Sao Tomé est surnommée « l’île Chocolat ». Premier territoire à recevoir des plants de cacao amazonien en 1822, l’archipel était le plus grand producteur de cacao au début du XXe siècle, avec près de 36 000 tonnes cultivées chaque année. S’il n’en produit plus que 2 000 tonnes aujourd’hui, Sao Tomé est toujours réputé pour la qualité de son cacao. Et pour cause : son climat tropical, avec une chaleur et une humidité stable toute l’année, est parfaitement adapté à la production de la variété amelonado, dont les cabosses sont en forme de melon. En prime, le cacao bénéficie des nutriments du sol volcanique de Sao Tomé, riche en azote et en potassium. Sur ces pentes abruptes, à l’ombre d'une imposante canopée, s’amoncellent des plantations familiales qui ne dépassent guère les quelques hectares. Pendant un voyage en famille, n’hésitez pas à rendre visite aux producteurs pour en savoir plus sur le processus de transformation des fèves de cacao. L’occasion aussi de déguster un chocolat haut de gamme, qui se caractérise par des notes de fruits secs et des arômes boisés. Une singularité qui a valu à Sao Tomé de remporter de nombreux prix internationaux.
Assistez au tchiloli
Une pièce de théâtre entrecoupée de pas de danses et de musique ? Vous n’êtes pas à Broadway, mais bien dans les rues de Sao Tomé. De l’église au marché en passant par la place du village, il n’est pas rare de croiser des comédiens en costumes clinquants se pavaner tout en déclamant des menuets raffinés. Depuis le xvie siècle, ces représentations de tchiloli mettent en scène une seule et même pièce : La Tragédie du marquis de Mantoue et de l’empereur Charlemagne. Importé d’Europe pour la seule distraction des colons portugais, ce drame médiéval s’est vu réapproprié par les esclaves à une époque où leurs rites traditionnels étaient interdits. Ainsi, ils décident d’intégrer flûtes, percussions et masques dignes de la commedia dell’arte au texte original. Une manière de remettre en cause le pouvoir colonial et de dénoncer les injustices subies. Transmise de génération en génération au fil des siècles, la tradition du tchiloli permet aujourd’hui à la population santoméenne de perpétuer la mémoire de ses ancêtres.
Distinguez angolares et forros
Si la population santoméenne semble plutôt homogène, elle regroupe en fait des communautés aux origines diverses. La majorité des habitants que vous rencontrez au cours de votre voyage à Sao Tomé-et-Principe sont des metiscos (métis), dont les ancêtres mêlent colons européens et d’esclaves. Pourtant, certains de vos interlocuteurs se revendiquent peut-être forros. Il s’agit en fait de descendants d’esclaves affranchis au XIXe siècle, un statut qui leur accordait autrefois des privilèges. En revanche, si vous croisez des pêcheurs qui fredonnent des chants d’origine bantoue, ce sont probablement des angolares. Issus d’esclaves du comptoir de Luanda (Angola) réfugiés à Sao Tomé au XVIe siècle, ils possèdent une forte identité culturelle due à leur isolement dans le sud de l’île. Chacun de ces peuples possède son propre dialecte créole, qui tend aujourd’hui à disparaitre face au portugais enseigné à l’école. À ces descendants d’esclaves, qui représentent 85 % de la population, s’ajoutent des descendants de travailleurs originaires d’Angola, du Mozambique, du Cap-Vert, baptisés serviçais, et des immigrés portugais plus récents. Un melting pot de cultures qui n’empêche pas les habitants de vivre en harmonie et de se mélanger au quotidien.
