À bouquiner, à regarder à Sao Tomé-et-Principe
Le cercle des poètes engagés
L’archipel a vu naître une riche tradition poétique, portée par des voix profondément engagées. Parmi elles, Francisco José Tenreiro, qui a marqué les esprits avec son Ilha de Nome Santo (1942). Dans ce recueil, malheureusement non traduit en français, il aborde les thèmes tels que l’identité, la diaspora et la quête de liberté. Alda do Espírito Santo, poétesse et militante de l'indépendance, incarne quant à elle l'âme politique de l'archipel avec des recueils comme É Nosso o Solo Sagrado da Terra, célébrant la résistance. Elle est aussi l’auteure des paroles de l’hymne national Independência total. Plus récemment, Conceição Lima ravive cette flamme engagée avec A Dolorosa Raiz do Micondó (2006), un recueil poignant sur la mémoire et l’histoire de Sao Tomé, qui demeure, lui aussi, à découvrir en langue originale. Ensemble, ces poètes façonnent une identité collective, nourrie de luttes, d’espoir et de rêves pour l’avenir.
Romans historiques
Pour un voyage à Sao Tomé-et-Príncipe dans le passé, deux récits vous embarquent dans des univers très différents. Ecuador (2003) de Miguel Sousa Tavares nous transporte au début du XXe siècle, alors que le jeune Luis Bernardo Valença, dandy lisboète propulsé gouverneur de la colonie par le roi Don Carlos, découvre une réalité bien plus sombre que les réceptions mondaines qu’il fréquentait. Chargé de prouver que l’esclavage est aboli, il se heurte à la résistance des planteurs, aux injustices des plantations et à sa propre solitude, tout en cédant aux tourments de l’amour. Dans Coup de théâtre à São Tomé (2007), Jean-Yves Loude évoque une étonnante rumeur : Charlemagne y aurait trouvé refuge pour finir ses jours et apparaît sur des scènes de théâtre. À travers ce roman, l’auteur dresse le portrait vivant des îles et de leurs habitants, qu’ils soient descendants d’esclaves, anciens pêcheurs, affranchis des colons portugais…