À bouquiner, à regarder en Roumanie
Nadia Mania
Entrée dans l’histoire, la gymnaste Nadia Comaneci devint contre son gré une figure clé de la propagande des Ceausescu. Le documentaire Nadia Comaneci, la gymnaste et le dictateur de Pola Rapaport montre comment sa réussite a servi le pouvoir. Nadia Comaneci de Marjolaine Solaro et Clem (2025) est un roman graphique qui plonge dans la psyché d’une jeune fille tiraillée entre le régime, son désir de perfection et son envie de liberté. Cet aspect de la gymnaste a aussi inspiré Lola Lafon pour son roman La petite communiste qui ne souriait jamais (2014). L’autrice revient en outre sur la réécriture des exploits de Nadia Comaneci par Ceausescu et par le monde occidental. Les quadras nostalgiques reverront enfin le plaisant mais un peu mièvre Nadia d’Alan Cooke (1984).
Villes et campagnes
S’il est un domaine où s’effacent les disparités régionales en Roumanie, c’est bien la culture. Tout le pays en effet est source d’inspiration. Ainsi de Bucarest, effervescente et d’une énergie folle. Pour s’en convaincre, on se plongera dans l’excellent N’attendez pas trop de la fin du monde de Radu Jude (2023), pamphlet survitaminé contre la société néolibérale. Rythme effréné toujours dans Gadjo Dilo de Tony Gatlif (1998), film électrique et digressif que subliment les accents de la musique tzigane. Fougueuse, la Roumanie profonde est aussi d’une incroyable drôlerie, surtout dans le roman Le paradis des poules de Dan Lungu (2005). Un portrait sensible et cocasse de la vie quotidienne en province à l’aube d’un changement de régime.