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United Colors of Morocco
11 juin 2018
Terre bénie des artistes et des photographes, le Maroc affiche la couleur, sans filtres ni détour. Cet article, tout en nuances de bleu, de rouge, de vert et de jaune, vous emmène à la découverte de l’étonnant pouvoir des couleurs du Maroc. Avis aux voyageurs en quête de shoots chromatiques !
De l'océan à la villa Majorelle : bleus de Maroc
Rêver de matins bleus à Essaouira. Se dire des mots bleus à Asilah. Méditer sur le bleu du ciel à Rabat… Il y a 1001 façon de voir la vie en bleu au Maroc ! Des drapés indigo des femmes à Taroudant aux murs de la villa Majorelle en passant par l’azur de la grande bleue déployée à perte de vue : le bleu est partout ! Sur les barques outremer des pêcheurs qui débarquent chaque matin mérous et crustacés sur le port d’Essaouira balayé par les alizés. Sur les murs céruléens de Chefchaouen qui propulsent le voyageur dans une toile de Matisse en grandeur nature. Et jusque dans le bleu du ciel qui en tout lieu fait pâlir sans complexe le gris du ciel parisien…
Pas besoin d’être scientifique pour comprendre que la couleur bleue insuffle la détente, le calme et la sérénité. Il suffit de se promener ici, dans les villes bleues du Maroc pour réaliser que rien n’y est plus pareil… Immergé dans ce décor teinté, on se prend à penser que toutes les villes du monde mériteraient quelques coups de pinceaux. Une prescription de bleu pour éloigner les coups de blues ? Essayez Chefchaouen, Essaouira et Asilah… Et gare à ne pas vous transformer en Schtroumpfs !
Des kasbahs aux champs de safran : rouges du Maroc
C'est la couleur qui m’a marquée dès mon premier voyage au Maroc. La terre vibrait d’une profondeur telle qu’elle me paraissant non pas naturelle mais surnaturelle. Comme si cette terre que je voyais pour la première fois me parlait de son accueil, de sa chaleur et des années de vie qui m’attendaient ici.
Des kasbahs qui surplombent les vallées rieuses aux remparts de pisé qui encerclent les médinas en passant par l’argile des terres fertiles, tapie au pied des montagnes et des plaines : la couleur ocre court partout. Elle dessine les villages ton sur ton de l’Atlas et Marrakech, « la ville rose » du Maroc. Elle s’invite jusque dans les cuves des teinturiers, les tapis tendus dans les souks et les champs de safran qui voient fleurir l’or rouge du Maroc. Puis elle colore les pistes qui s’immiscent avec force dans les plaines et les vallées pour emmener les voyageurs flirter avec le bleu du ciel et le vert des palmeraies. En tout lieu, le rouge compose avec la lumière pour réinventer les dégradés bruns, carmin et roux. Déclinées en 1001 nuances, ses teintes irriguent canyons, gorges et circonvolutions naturelles comme le sang irrigue les veines. Rouge sang, coquelicot ou safran. Rose orangé, violacé ou profond… Le Maroc a beau être dans le rouge, cela ne saurait l’empêcher de voir la vie en rose.
Le Maroc, un paradis vert
Couleur de l’espoir et de l’islam, le vert préfigure la vie qui se heurte à l’infini désertique. Vert tendre des oasis, émulsions de thé vert et tuiles vernissées des mosquées : toutes les nuances de vert existent au Maroc.
Il y a bien-sûr le vert profond de la végétation qui court dans les cédraies du Moyen-Atlas. Il y a aussi le vert nourricier des oasis pré-atlasiques qui s’étirent de tout leur long au fil des oueds. Il y a encore le vert tendre qui abonde dans les champs recouvert de luzerne, d’orge et de blé. Mais aussi le vert intense de la campagne du Gharb et des cultures en terrasses qui cascadent de façon spectaculaire sur les flancs de la vallée de l’Oukaïmeden. C’est sans parler du vert mêlé de jaune qui habille les champs d’arganiers et d’oliviers et piquette les collines de figuiers de Barbarie.
Vert pâle, pur ou intense. Vert émeraude, olive ou amende bravent le bleu du ciel et le rouge de la terre pour pénétrer en profondeur dans la rétine et toucher les âmes sensibles à la beauté.
Jaune : sous le soleil exactement
Le jaune est, à l’image de l’or, la couleur précieuse et délicate du Royaume chérifien. Couleur des sables dorés du désert, le jaune rapproche subrepticement de la chaleur de l’astre solaire qui est son plus fidèle représentant.
Si son dosage est moindre, sa puissance vibratoire, elle, est immense. Il faut chercher ses notes sur les portes des palais impériaux, les tissus brodés d’or, les accessoires de cuir ou les céramiques. Acidulé, le jaune pigmente les pots de citrons confits et le drapeau des peuples amazigh. Teinté de nuances curcuma et safran, le jaune jette des touches pétillantes sur les monticules d’épices, les kilims et les tapis.
Nuances de paille rhabillent quant à elles les campagnes, ravivant au passage les bottes de foin des paysans berbères et les herbes folles brûlées par les rayons de l’astre du jour. Quand le soleil décline, le jaune entre en scène avec éclat pour inonder vallées et paysages de son souffle enveloppant. En l’espace d’un instant, le voilà décliné en 1001 teintes qui festoient dans la rétine. On comprend alors qu’il est la substantifique moelle du pays du soleil couchant !
Blanc et noir : un Maroc en contrastes
Au Maroc la lumière vive et intense fuse sans compromis. C’est de sa force incandescente que se nourrissent les couleurs qui s’enhardissent. Gaietés bariolées, contrastes accentués et jeux d’ombres et de lumières : tout y est plus expressif et pénétrant.
Le blanc exalte les murs blanchis à la chaux, les coupoles des marabouts et les djellabas soyeuses des hommes qui s’en remettent à la lumière d’Allah lors de la grande prière du vendredi. Il illumine les cités de Tétouan et de Casablanca, la bien-nommée Deir Beida – la ville blanche – à qui elle doit son nom. Le blanc vêtit les plumages des cigognes et cavale sur les montagnes de l’Atlas saupoudrées de neiges fraîches. Fragmenté, il s’incarne enfin sur l’écume des vagues qui se déchirent avec fracas au pied des falaises vertigineuses.
À l’ombre des souks, des pergolas et des patios, la lumière éblouit le cœur en joie des photographes. Filtrée par les lattis en bois de cèdre, les rayons diffus percent l’obscurité à travers les puits de lumière pour mieux en révéler sa beauté. Ainsi, le noir épouse le blanc comme le Yin épouse le Yang et de cette union indissociable jaillit une pénétrante vision d’harmonie. Le noir, couleur de l’ombre nimbée de mystère est aussi la couleur du khôl, du savon beldi (savoir noir), des tatouages au henné et des calligraphies qui courent majestueusement sur les murs des mosquées et des medersas.
Au Maroc, tout n’est peut-être pas tout blanc ou tout noir mais vibre à l’unisson des couleurs qui s’entrechoquent, s’accordent et s’unissent pour faire des étincelles dans la rétine !
La citation de la fin
Yves Saint-Laurent (1936 – 2008) |