Ma visite de la medersa Ben Youssef

Une école coranique du XIVe siècle

La medersa Ben Youssef offre un refuge paisible à quelques pas seulement du chaos du Marrakech. Il faut imaginer la medersa à son âge d’or, lorsque sa renommée dépassait les frontières du Royaume et que ses murs aimantaient 900 étudiants assoiffés de savoir. Fondée au XIV^e siècle, la medersa fut entièrement reconstruite au XVI^e siècle sous les ordres du sultan sâadien Abdellah Al Ghalib. Celle qui n’était qu’une modeste école de théologie allait devenir un haut-lieu d’étude et de prière à Marrakech.

La medersa Ben Youssef tire son nom de la mosquée voisine qui dispensait jadis les cours aux étudiants. Ils venaient assouvir leur connaissance en théologie, en mathématiques, en astronomie ou en médecine.

Après 5 années de restauration, la medersa a rouvert ses portes au public et a retrouvé tout son éclat. L'héritage historique et architectural est désormais préservé pour les générations futures.

Un joyau de l'art arabo-andalou

L'émotion nous gagne d'emblée lorsque l'on foule le patio central et ses dalles de marbre blanc. En effet, la beauté est partout et aucun détail n'a été laissé au hasard. Au centre de la cour, le bassin à ablutions reflète les fragments des ornements et du ciel qui jouent les kaléidoscopes.

L'habillement intérieur de la medersa se compose de quatre matériaux : les zelliges, les marbres, les stucs et les bois de cèdre. Les zelliges polychromes colorent les jambages. Les marbres courent sur les colonnes qui supportent la coupole de la salle des prières. Les stucs habillent les panneaux de murs s’élevant au-dessus des galeries déambulatoires. Les bois de cèdre, enfin, s’accrochent aux vestibules, aux linteaux, aux portes et aux portiques. Le portail protégeant la salle de prière laisse pantois d’admiration.

Into the labyrinth

Si vous pensiez avoir laissé le labyrinthe de la médina de Marrakech derrière vous en vous engouffrant dans la medersa Ben Youssef, ne criez pas victoire trop vite. Au rez-de-chaussée et au premier étage, les 132 chambres d’étudiants s'égrainent le long d’étroits couloirs entrecoupés de cours. Les balustrades ciselées des sept patios intérieurs forment de jolis puits de lumière de part et d’autres des couloirs et des chambres où, vous l’aurez compris, on se perd un peu…

Les chambres témoignent de la vie étudiante de l’époque. Avec une superficie maximale de 9 m², elles pouvaient accueillir jusqu’à 4 étudiants. Le dénuement monacal de ces cellules contraste avec la richesse et le raffinement du patio et des salles de prières.

Les étudiants avaient à peine la place de dérouleur leur natte dans leurs cellules couvertes de plâtre nu. Les plus chanceux s’offraient le luxe d’une vue plongeante sur la cour centrale baignée de lumière. On tente inlassablement d’imaginer l’ambiance qui régnait jadis en ces lieux. Puis, étourdis par tant de raffinement et d'harmonie, on se délecte simplement de la quiétude du lieu...