À bouquiner, à regarder au Sénégal

Les tirailleurs au front

Le poète et académicien Léopold Sédar Senghor, l’un des pères de la francophonie, a combattu aux côtés des troupes coloniales pendant la Seconde Guerre mondiale. Son recueil Hosties noires (1948), rédigé dans un camp de prisonniers, restitue ce moment de l'histoire du Sénégal et rend hommage au sacrifice de ses compagnons pour la France. La bande dessinée est un autre moyen de témoigner de leur sort. À ce titre, Histoire des tirailleurs sénégalais (2018) de Frédéric Chabaud et Julien Monier retrace le destin d’un jeune paysan choisi par son oncle pour partir au combat. Quant au dessinateur Fayez Samb, fils d’un militaire sénégalais, il nous embarque avec La patrouille du caporal Samba à travers une série de quatre albums en noir et blanc, publiés entre 2003 et 2010 aux éditions L’Harmattan. Enfin, dans Tirailleurs (2022), le personnage joué par Omar Sy rejoint l’armée pour protéger son fils de 17 ans, enrôlé de force pendant la Première Guerre mondiale. Un film touchant réalisé par Mathieu Vadepied.

Un tissu d’histoires

Si l’habit ne fait pas le moine, la mode, elle, dit beaucoup d’un pays. Alors si d’aventure, vous envisagez de dévaliser les marchés feugye-diay pendant votre voyage au Sénégal, commencez par écouter le passionnant podcast Reportage Afrique de RFI et sa série sur les pagnes tissés (2024). Vous y apprendrez que le tailleur est un personnage clé du quotidien sénégalais et que sa réputation dépasse désormais les frontières du pays. De nombreux créateurs de mode ont d’ailleurs choisi de s’installer dans la région de Dakar pour collaborer avec certains d’entre eux, à l’instar de Sarah Diouf. Elle nous raconte l’histoire de sa marque, portée entre autres par Beyoncé et Alicia Keys, dans le documentaire Made in Africa, disponible sur vimeo (2020). Comme la créatrice, beaucoup considèrent que l’identité sénégalaise passe par ses savoir-faire dans la mode. Outil de notoriété, la mode témoigne aussi de la domination coloniale, ainsi que l’explique Khémaïs Ben Lakhdar dans son essai L’appropriation culturelle (2024). Au Sénégal, elle pourrait enfin devenir un outil pour dépasser cette appropriation.