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Le Maroc en 6 architectures
12 mars 2018
L’architecture du Maroc est à l’image de l’identité du pays : plurielle et métissée ! La preuve en 6 styles d’architecture visibles sur le sol chérifien et autant de témoignages sur les civilisations et les peuples qui ont écrit l’histoire du Maroc.
1
L’architecture antique
L’architecture antique (ou ce qu’il en reste) a laissé ses empreintes dans le nord du Maroc. Au hit-parade des sites antiques : Volubilis et sa cité romaine inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1997. L’ancienne capitale de la Maurétanie Tingitane, bâtie sur l’ancienne Walili (Oualili) berbère est édifiée dans un superbe site planté d’oliviers et baigné de soleil. À l’ombre du village de Moulay Idriss et des premiers contreforts du massif du Zerhoun, capitole, thermes, forum, arc de triomphe, basilique et demeures décorées de mosaïques témoignent de siècles d’occupation romaine. Le site, aussi grandiose soit-il, ne doit pas éclipser les autres vestiges antiques visibles sur le sol marocain à l’instar de Lixus, Banasa mais aussi du site archéologique du Chellah à Rabat.
2
Le style berbère
Puisant ses racines dans des temps immémoriaux, l’architecture berbère a laissé ses empreintes dans les terres du sud du Maroc dont elle en est le symbole. Ksour (villages fortifiés), kasbah (maisons fortes) et agadir (greniers fortifiés) décorés de motifs géométriques traditionnels illustrent la magnificence du style berbère.
Réalisées à base de terre crue, les constructions berbères se suffisent des matériaux disponibles dans l’environnement immédiat. C’est cette matière organique, appelée le pisé, qui confère à l’architecture berbère toute sa force et sa beauté. Naturelle et épurée, l’architecture en terre crue se fond avec grâce dans les paysages du sud… et y retourne parfois à défaut d’entretien ! Car si elle est écologique, l’architecture en pisé est aussi fragile. À défaut de mesures concrètes, ces châteaux de terres et de roseaux, témoins de l’histoire du Maroc pourraient disparaître à jamais… En attendant leur sauvetage (on y croit !), maisons d’hôtes, écolodges et autres demeures de charme s’approprient les vertus de l’habitat en pisé.
3
L’influence portugaise
El Jadida, Essaouira, Asilah, Azemmour ou Safi… Toutes ces cités ont en commun leur patrimoine architectural lié à la présence lusitanienne sur le sol marocain. Témoins de 354 ans de convoitise portugaise, les fortifications défensives, dressées face aux flots bleus de l’Atlantique, rappellent un temps ou Mazagan (aujourd’hui El Jadida) et Mogador (aujourd’hui Essaouira) abritaient des enclaves militaires imprenables. Si le temps de l’ « Algarve d’au-delà» est bel et bien révolu, ces cités marocaines conservent de superbes exemples d’architectures portugaises que ponctuent de longues plages de sable inondées de lumière.
4
La tradition arabo-andalouse
Loin d’être représentatif de la diversité architecturale du Maroc, le style arabo-andalou est pourtant celui auquel on pense immédiatement lorsqu’on évoque le Royaume chérifien. Minarets, mosquées, caravansérails, fortifications, portes monumentales et palais couverts de calligraphies et d’arabesques évoquent la richesse et le raffinement de cette tradition citadine héritée d’Al Andalus.
Importée de Cordoue par les Almoravides, la tradition arabo-andalouse connut son âge d’or sous la dynastie des Almohades qui voit fleurir de grands minarets à l’instar de la Koutoubia (Marrakech) et de la Tour Hassan (Rabat). Les maîtres-mots des architectes et des artisans Almohades sont la pureté et la grandeur. Sous les Mérinides, l’austérité cède la place à la finesse des décors inspirée de l’art délicat des Nasrides de Grenade. Les médersas Al Attarine (Fès), Bou Inania (Fès) ou Abu Al Hassan (Salé) illustrent à merveille le parti-pris des Mérinides. Les dynasties suivantes voient éclore les plus grands bâtisseurs du Maroc à l’instar du sultan sâadien Ahmed El Mansour et du souverain Alaouite Moulay Ismaïl… Si le style continue aujourd’hui encore d’inspirer architectes et artisans, il ne saurait atteindre sa force créatrice d’antan.
5
L’architecture coloniale
L’architecture coloniale du Maroc propulse le voyageur dans la première moitié du XXe siècle. Casablanca et Rabat, qui vivent alors à l’ère du protectorat français, voient fleurir un nouvel espace urbain sous l’impulsion du maréchal Lyautey, résident général de l’époque. Maisons coloniales, édifices Art nouveau, immeubles Art déco et bâtiment de facture néo-mauresque ou Bauhaus déferlent dans les nouveaux quartiers, dit européens, qui prennent leurs marques aux côtés des centres anciens – les médinas.
Foyer des plus folles expérimentations urbaines et architecturales de l’époque, Casablanca, « Deir Beida », la ville blanche est alors en mesure de rivaliser avec les ensembles haussmanniens de Paris. Même topo architectural dans les villes du nord du Maroc, marquées par l’architecture coloniale espagnole. Aujourd’hui, ces vieux centres historiques, disséminés à travers les villes du Maroc évoquent davantage les quartiers décrépis de La Havane que les Années Folles. Menacé par l’indifférence des autorités et la spéculation immobilière qui sévit dans les grands centres urbains, le patrimoine colonial est au centre d’attention des associations de sauvegarde du patrimoine.
6
Le style contemporain
Ce n’est pas le style auquel on pense forcément lorsqu’on évoque le Maroc. Pourtant, l’architecture contemporaine pourrait bien changer le visage du Royaume dans les années à venir. Le Morocco Mall (Casablanca), la Bibliothèque nationale (Rabat) et le siège de Maroc Telecom (Rabat) ont déjà fait parler d’eux. Derniers projets en date ? Le grand théâtre CasArts de Casablanca (signé Christian de Portzamparc et Rachid Andaloussi), le grand théâtre de Rabat (signé Zahia Hadid) et la plus haute tour d’Afrique, qui devrait trouver ses marques dans la vallée du Bou Regreg à Rabat… Rendez-vous dans quelques années !