La cinémathèque de Tanger

La résurrection d'un ancien cinéma

La cinémathèque de Tanger, c’est d’abord l’histoire du cinéma Rif. Un lieu érigé en 1938 sur la place Grand Socco, considérée comme la plus emblématique de la ville. L'adresse, anciennement connue sous le nom de cinéma Rex, avait depuis longtemps perdu son prestige. Menacée de fermeture, elle semblait engagée sur le même chemin que les autres salles obscures du Royaume, reléguées dans les mémoires d’un passé aussi révolu que mystifié.

Mais ça, c’était avant le tour de force de l'association de la cinémathèque de Tanger. Ce collectif d’artistes, créé à l’initiative de la photographe marocaine Yto Berrada, du producteur français Cyriac Auriol et du réalisateur marocain Latif Lahlou, a eu la bonne idée d’acheter l’ancien cinéma à l’abandon pour en faire un lieu de rencontre et d’émulation culturelle. 

La cinémathèque de Tanger, un lieu unique en son genre

En 2007, le Rif renaissait de ses cendres pour devenir le nouvel épicentre culturel de la cité tangéroise. Militant pour le développement du septième art au Maroc, la cinémathèque de Tanger est un lieu pluriel et singulier. Amoureux de la création et de l’art y convergent pour s’offrir un regard sur le monde d’ici et d’ailleurs.

Quel meilleur endroit que Tanger, la cité du Détroit, l’ancienne ville internationale, pour ouvrir une fenêtre sur le monde et honorer le cinéma, cet art de communication entre les peuples ? Deux salles de projection (300 et 50 places), une bibliothèque, une salle de montage... Il n'en fallait pas moins pour fédérer les cinéphiles et les esprits curieux. Citons également l'importante collection d’archives cinématographiques provenant pour la plupart du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Cadre Art déco et tarte aux légumes

L’établissement fonctionne uniquement grâce aux mécènes, aux subventions et aux recettes générées par les entrées et le café. Certains y viennent pour assister à la projection du dernier film d’art et d’essai autrichien en amoureux. D'autres s'installeront dans les fauteuils vintage du café de la Cinémathèque, aux côtés d’une jeunesse tangéroise en quête de conversations.

Si la façade du bâtiment rappelle le cinéma en noir et blanc, la décoration intérieure n’a rien à envier aux cafés underground de Berlin. Les touches de couleurs et les objets chinés sont mis en scène dans une décoration Mix and Match qui ne manque pas de relever le cadre Art déco du complexe. Autant de raisons pour s’attarder sur la tarte aux légumes du jour ou le stimulant jus orange-carotte-gingembre. À déguster sous le regard bienveillant des vielles affiches de cinéma des années 1950.