Tétouan

La ville de Tétouan est située sur la côte méditerranée, à 60 kilomètres à l’est de Tanger. Bâtie sur un plateau rocheux au cœur d’une vallée bordée par le Rif, la ville a pour cadre un splendide décor naturel, entre mer et montagnes.

Une histoire cosmopolite

Les origines de Tétouan remonteraient à la Préhistoire, à en croire les vestiges d’outils trouvés dans des grottes à proximité. Ensuite et dès 600 av. J.-C., les Phéniciens ouvrent la danse des multiples établissements avec un comptoir à l’embouchure de l’oued Martil. Puis, Tamuda, l’antique nom de Tétouan, connaît des périodes carthaginoise, maurétanienne et romaine. Jusqu’à l’arrivée des Portugais au Maroc, la ville est habitée par des tribus berbères islamisées.

En 1415, les Portugais s’emparent de la voisine Ceuta et c’est à l’aune de cette conquête que Tétouan devient un site stratégique pour la défense militaire contre l’occupation portugaise. Suite à plusieurs batailles, Tétouan est rasée par les Portugais en 1437. La ville connaît un nouvel essor avec l’arrivée d’un gouverneur-architecte d’Al-Andalus ; ce dernier façonne la ville pour plusieurs siècles et sa femme lui succède après sa mort. La reine parvient à se détacher du joug du royaume des Wattassides de Fès et mène une lutte sans merci pour reconquérir les territoires conquis par les Portugais. Le sultan Wattasside lui reconnaîtra d’ailleurs sa légitimité sur toute la région à l’ouest du Rif et l’épousera en guise de reconnaissance. La cité accueille au XVIIe siècle des réfugiés morisques (musulmans portugais convertis au catholicisme) expulsés par le royaume catholique. Tétouan connaît alors plusieurs siècles d’essor économique et culturel en devenant le principal port marocain non occupé par une force étrangère. L’activité diplomatique y est très importante mais cela ne suffira pas à Tétouan : le pouvoir central marocain décide de transférer l’activité portuaire et diplomatique vers Tanger au XIX^e siècle. Puis, la ville devient la capitale du protectorat espagnol de 1913 à l’Indépendance en 1956.

De l’Andalousie au Maroc

Tétouan constitue au Maroc une fenêtre unique sur l’histoire de la région pendant la période andalouse. Cet héritage culturel d’Al-Andalous et du royaume de Grenade lui confère un caractère et une place tout à fait particuliers au sein du royaume chérifien. La médina en est une parfaite illustration. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, la vieille ville de Tétouan a été construite et pensée par un architecte musulman d’Al-Andalus au XV^e siècle. Le résultat est un parfait mélange entre le royaume islamique « européen » et le Maroc.

Une muraille de cinq kilomètres de long ceint la médina et sept bab (portes) y donnent accès. Certaines portes, à l’instar de Bab el Okla, sont encore très empruntées de nos jours. Le plan de la médina est simple : quelques artères principales reliant les places et placettes, les lieux de culte et les commerces puis des plus petites voies pour relier les quartiers résidentiels. Cette organisation urbaine est typique d’Al-Andalus et a influencé par la suite les Espagnols pendant la période du protectorat. Véritable ville fortifiée sur la côte méditerranéenne entre montagnes et mer, la médina de Tétouan regorge de trésors décoratifs et architecturaux. Citons les riads, les multiples fontaines, le fondouk Al-Lebbadi (caravansérail), la kasbah Sidi Al Mandri, les hammams et les façades de maison.