Chefchaouen

Perchée à 600 mètres d’altitude au pied des monts Kelaa et Meggou, Chefchaouen (ou Chaouen) est une petite ville montagnarde de 42 000 âmes. Protégée par les montagnes, la ville a gardé une culture et des coutumes très longtemps inchangées. 

Une histoire récente et intolérante

La ville de Chefchaouen est fondée en 1471 par le chérif Ali ibn Rachid al-Alami. Sa construction prend fin en 1480 et la cité commence à accueillir des Morisques puis des Andalous. Le pouvoir exercé sur cette cité du nord marocain se caractérise par une grande intolérance religieuse : la ville est interdite aux chrétiens à cette date et ce, jusqu’en 1920 ! Quant aux juifs, ils sont tolérés dans leur quartier du mellah mais ne peuvent en sortir, le reste de la ville leur étant hostile. La ville est rattachée au Maroc par les Saadiens au XVII^e siècle et conquise par les Espagnols en 1920. À l’instar des autres villes du protectorat espagnol, Chefchaouen est rétrocédée au Maroc à l’Indépendance.

Eau, arc-en-ciel et mosaïques

L’histoire de Chefchaouen est indissociable de la source d’eau douce Ras el Maa. C’est en effet autour de ce point d’eau naturel que s’est construite la cité. On peut encore aujourd’hui la visiter et l’admirer, au cœur de la ville.

La médina est magnifiquement préservée et le style architectural de l’époque Al-Andalus y est majoritaire. Les portes cloutées des habitations, les poignées, les fenêtres et les mosaïques présentes sur certaines façades illustrent à merveille l’empreinte hispano-islamique. Les ruelles de la vieille ville ont jalousement gardé la géométrie et les arabesques andalouses. Impossible d’évoquer Chefchaouen sans parler du bleu omniprésent qui habille murs, marches et façades. L’origine de cette coloration fait débat encore aujourd’hui et les théories sont multiples et parfois farfelues ! Ce qui est certain, c’est que tous les habitants de Chefchaouen prennent soin des couleurs de leurs rues et ne laissent rien au hasard : l’ensemble des façades et marches est repeint deux à trois fois par an à la chaux. Certains laissent éclore leur créativité en utilisant différents pigments pour peindre les escaliers, notamment. La place Outa el Hammam est l’épicentre de la médina et l’endroit incontournable pour l’arpenter. 

La kasbah de Chefchaouen surplombe la ville bleue et offre un magnifique panorama. L’ancienne fortification abrite aujourd’hui le musée ethnographique, riche d’une grande collection de costumes, d’objets traditionnels et de bijoux. L’établissement nous plonge dans l’univers des tribus berbères arabisées, au fil de leur histoire et rencontres. Enfin, la grande mosquée El Masjid el Aadam, bâtie au XV^e siècle mérite également le détour.

Pour finir sur une note mouillée, l’escapade à Akchour à trente kilomètres de Chefchaouen sera un pur délice de nature. La vallée de l’Akchour possède un par naturel tout récent – le Talassemtane – qui regorge de joyaux naturels : un arc de pierre nommé Pont de Dieu et reliant deux gorges entre elles, des piscines naturelles, des cascades et de la verdure.